Mission industrielle en Inde : le secteur de la défense espagnol frappe à la porte du premier importateur mondial

L'association des employeurs L'industrie de défense espagnole, TEDAE, prépare une mission industrielle en Inde, pays tiers en investissements en matériel militaire et de sécurité après les États-Unis et la Russie. Le voyage aura lieu le les 5, 6, 7 et 8 mars prochains et cela coïncidera en partie avec une visite officielle qui, quant à elle, est organisée par le ministère de la Défense pour le secrétaire d'État, Amparo Valcarce.

L’objectif est de renforcer la présence espagnole dans un État qui, rien qu’en 2022, a augmenté ses dépenses publiques de défense de 12,219 millions d’euros supplémentaires, soit presque autant que l’ensemble du budget de défense – augmenté – de l’Espagne cette année. L'Espagne sera présente avec deux produits emblématiques, de conception et de fabrication 100% espagnoles : le Avion cargo Airbus C295 et le Sous-marin Navantia S80entre autres.

Outre ces deux sociétés, participent à la mission industrielle des sociétés qui ont également réalisé des explorations antérieures sur ce marché, comme le spécialiste de la cyberdéfense et de la guerre électronique. Indrale Madrid Archimée -industrie aérospatiale-, le Jaenense Meltio -dédiée aux métaux spéciaux- ou la filiale espagnole du géant indien Tech Mahindracollaborateur d'Airbus.

Ne perdez pas d'espace

Celle de l'Inde est l'une des marines qui ont fait preuve de plus de intérêt pour le sous-marin S-80, avec lequel l'Espagne est entrée dans le petit groupe de pays capables de concevoir et de fabriquer un de ces navires de guerre. Le gouvernement indien reste ouvert à son projet d'acquisition six sous-marins pour près de 5 milliards d'euros, et l'Espagne entretient une forte rivalité avec l'industrie allemande dans ce contrat.

L'avion Airbus a déjà gagné sa partie. Le 12, le programme indien Airbus C295 a reçu l'approbation du régulateur indien. Ils sont 56 appareils vendusdont 16 quitteront l'usine de Séville – le premier a déjà été livré en septembre dernier – et 40 autres seront assemblés par Tata dans les usines indiennes.

« Si nous n'y sommes pas, d'autres pays prendront notre place »a résumé ce lundi l'esprit de la mission Ricard Martí Fluxá, président de TEDAE, lors d'une réunion avec les médias, rappelant le détail que le président français Emmanuel Macron Il s'est déjà rendu trois fois en Inde.

La mission industrielle espagnole poursuit l'objectif d'être présente sur un marché où il n'est pas facile d'établir une tête de pont. Il Concept indien de « co-création » exige qu'au moins 70 % de l'activité économique liée à un produit de défense soit réalisée sur son territoire.

En novembre dernier, le Conseil d'acquisition de la défenseune organisation devenue un puissant centre de pouvoir en Inde, a annoncé un nouveau budget de dépenses d'un milliard de dollars : l'équivalent de 25 milliards d'euros pour renouveler les équipements de son arméece qui consolide le pays comme le principal importateur d’armes de la planète.

Ce ne sera pas la seule prochaine mission industrielle organisée par des entreprises du secteur espagnol de la défense. Les 20, 21 et 22 mars, ils seront également à Lima, pour une tournée à contenu essentiellement naval, en vue des projets du Pérou pour renouveler les unités de sa marine.

Des budgets en l'air

Le secteur espagnol de la Défense organise ces visites tout en a fêté son saint patron ce lundi la nouvelle volonté de la Banque européenne d'investissement (BEI) de soutenir le financement de projets qui renforcent l'investissement de l'Europe dans sa propre sécurité. « Certes, cette annonce ouvre la porte aux banques commerciales – généralement peu enclines aux projets militaires – puisque ce que fait la BEI a un facteur d'émulation », a commenté Martí Fluxá.

Il s'agit d'un secteur industriel qui représente actuellement 8% de toute la R&D espagnole et qui, outre l'Europe, a un autre œil sur la situation politique espagnole, notamment sur la question de savoir si le Gouvernement de Pedro Sánchez peut exécuter des budgets généraux. Ils comprennent une augmentation de 7,9 % des investissements dans la défense en 2024 pour respecter l'engagement pris par l'OTAN de porter les dépenses à 2 % du PIB.

« Ne pas approuver les budgets ne serait pas la meilleure nouvelle pour l'Espagne », a commenté le Directeur général de TEDAE, César Ramosqui ne semble cependant pas inquiet : « Dans une situation d'extension budgétaire, ce pays resterait dans le cadre de son engagement envers l'Alliance ».

Deux avions C295 en vol en décembre 2023. /Airbus

Aux hommes d'affaires de la Défense – préoccupés par l'appel du commissaire européen à la sécurité et à la défense, Joseph Borrellsoulignant que L'Ukraine a besoin d'un million d'obus de l'artillerie pour se sauver de la Russie – ils doivent de toute urgence renforcer la stabilité budgétairele cadre de financement stable espagnol et à long terme que les entreprises réclament depuis un certain temps et qu'elles doivent prendre des décisions d'investissement. C'est un concept qui peu à peu imprègne les dirigeants politiques, croient-ils dans TEDAE.

La nouvelle culture politique de la Défense arrive un peu tard face au besoin urgent d'armes de l'Ukraine. Face à l'invasion que subit ce pays, l'Europe a prouvé son incapacité à fournir des munitions et des fournitures avec la rapidité et le volume avec lesquels la Russie le fait maintenant à son armée. Tant le ministère de la Défense que l'industrie de ce secteur ressentent la pression de la demande ukrainienne et, en même temps, ils ne cessent d'évaluer soigneusement le processus électoral nord-américain, la nouvelle situation dans laquelle se retrouverait le conseil d'administration après une éventuelle victoire de Donald Trump mettre un terme à l'aide américaine.