Affrontement institutionnel sans précédent : pourquoi le PP mène-t-il une bataille Sénat-Congrès pour l’amnistie ?

Nouvelle pirouette dans le traitement de la loi d'amnistie. Le PP a annoncé mardi qu'il soulèverait un conflit institutionnel entre le Congrès et le Sénat, le premier dans l'histoire de la démocratie espagnole, et qui aboutirait sûrement devant la Cour Constitutionnelle. Dans une tentative de plus pour paralyser la mesure de grâce, les populaires s'appuient sur les rapports des avocats de la Chambre haute et prétendent que l'amnistie est « une réforme constitutionnelle secrète » et qu'avec la procédure actuelle, le Sénat est privé de ses droits et pouvoirs. Voici toutes les clés pour comprendre ce nouvel affrontement :

La première chose à faire est de comprendre qu'un conflit entre institutions, inclus dans le article 73 de la loi organique de la Cour constitutionnellese produit lorsqu'une institution – en l'occurrence le Sénat – considère qu'une autre – le Congrès – a adopté des « décisions assumer des pouvoirs que la Constitution ou les lois organiques confèrent aux premiers. » C'est-à-dire qu'il a usurpé certaines de ses fonctions ou pouvoirs. La personne chargée de régler le conflit est la Cour Constitutionnelle.

Pour comprendre la décision populaire, il faut revoir le rapport préparé par les avocats du Sénat. Au long de 69 pagesl'équipe juridique de la Chambre haute détaille les « irrégularités dans le traitement » de l'amnistie et maintient que le texte est « inconstitutionnell » dans le sens où la mesure de grâce n'est pas incluse dans la Magna Carta. Dans cette prémisse, ils considèrent que la loi d'amnistie proposée profite d'une lacune de la Constitution et, de cette manière, ils la qualifient de « réforme secrète de la Constitution« .

« Le fondement du conflit – peut-on lire dans le rapport – serait fondé sur une fraude constitutionnelle. Le Congrès, en traitant la proposition de loi d'amnistie selon la procédure législative ordinaire, porte atteinte à l'attribution constitutionnelle du Sénat de processus de réformes constitutionnelles« . Autrement dit, ils considèrent que les pouvoirs que le Sénat aurait dans une réforme constitutionnelle sont usurpés. Il faut insister sur le fait que cet argument n'est soutenu que par l'idée que l'amnistie est, comme on dit, une réforme secrète du Constitution.

Les conservateurs ont gardé cette mesure secrète et ne l'ont annoncée qu'une fois que l'amnistie – approuvée jeudi par le Congrès – a commencé à être examinée au Sénat. Encore une fois, il faut recourir au rapport des avocats pour comprendre ce mouvement puisqu'ils indiquent que le Sénat « n'aurait la légitimité pour engager des procédures judiciaires qu'une fois le projet de loi adopté ». avoir accès à la Chambre« Ainsi, une fois que le Conseil du Congrès a accepté la règle de traitement, le PP a décidé d'agir.

La procédure est régie par l'article 73 de la loi organique de la Cour constitutionnelle. La première étape sera que les plus populaires présentent un écrit « dûment motivé » dans lequel ils évoquent le conflit entre les deux Chambres. Ensuite, ce texte doit être débattu et voté par l'ensemble du Sénat. Compte tenu de la majorité absolue du PP, il sera approuvé sans problème. La Chambre haute jefera rapport au Congrès de cette « appropriation inappropriée des pouvoirs » et lui demandera de retirer le projet de loi d'amnistie pour violation de ses fonctions.

A ce stade, une période de un mois auquel le Congrès doit répondre. Comme on pouvait s’y attendre, la Chambre basse, aux mains du PSOE et de Sumar, répondra qu’ils agissent dans l’exercice constitutionnel et légal de leurs pouvoirs. Ou encore, ils peuvent ne pas répondre du tout. Ce qui n’est pas envisagé, c’est qu’ils retirent l’amnistie. Ainsi, avec une réponse ou non, à la fin du mois, le Conseil sénatorial pourra soulever le conflit devant la Cour constitutionnelle.

La Cour constitutionnelle doit rapport au Congrès dans les 10 jours sur le conflit soulevé par le PP. Par la suite, un délai d'un mois s'ouvrira pour la Chambre basse peut faire des allégations. Tout autre organisme qui estime que ses propres compétences sont également affectées d'une manière ou d'une autre peut également le faire. Enfin, la Cour constitutionnelle doit trancher dans le mois prochain. Le jugement doit déterminer à quel organe correspondent les pouvoirs constitutionnels controversés et peut déclarer nuls les actes exécutés. Dans ce cas, le traitement de l'amnistie.

Non. La décision de la Cour constitutionnelle pourrait prendre entre trois et cinq mois. Cependant, les avocats du Sénat précisent que pendant cette période le traitement doit continuer de l'amnistie. La Chambre haute doit se prononcer sur la mesure de grâce au plus tard le 16 mai. Le rapport de l'équipe juridique du Sénat est catégorique en assurant qu'à défaut, la règle sera promulguée directement au Journal Officiel de l'État à la fin de cette période. Il prévient également que ce serait tergiverser si le Conseil décide de ne pas donner suite à la règle.