Par contre, je lis mes « collègues » : les auteurs d’érotique francophone forment une petite communauté très sympathique qu’on retrouve sur facebook, des forums et des blogs. Mes goûts me portent plus particulièrement vers les textes de Julie Derussy et Valéry K. Baran.
Sur B Sensory, on parle de lecture augmentée, liée à un sextoy qui vibre sur certains passages. Est ce une contrainte pour écrire ? Est ce que cela influence votre manière de construire l’histoire ?
En réalité, j’ai écrit les nouvelles que j’ai publiées chez B Sensory sans avoir cet éditeur en tête. Ce n’est qu’une fois les textes écrits et corrigés que j’ai commencé à leur chercher un éditeur. Le concept de B Sensory m’a intriguée, je leur ai proposé mes nouvelles, et elles leur ont plu. C’est donc plutôt eux qui ont dû s’adapter à mes textes que l’inverse. Par contre, je les ai vus lancer des appels à textes avec des contraintes spécifiques (longueur, intensité crescendo…) pour que ça colle le mieux possible au format vibrant. À l’occasion, je m’y essaierai peut-être car j’aime beaucoup écrire avec des contraintes. Ça stimule l’imagination.
De part le lien entre texte et sextoy, ce sont essentiellement des femmes qui lisent vos textes sur B Sensory. Est ce que écrire pour des femmes a aussi une influence sur l’écriture ou écrivez vous de la même manière pour tout public ?
Le porno est en très grande majorité destiné aux hommes. Cela n’empêche pas les femmes d’en regarder bien sûr, mais ce n’est pas à elles que pensent les scénaristes et réalisateurs. Pour moi, c’est essentiel de redresser la balance. J’essaie de mettre en scène le plaisir féminin dans toute sa complexité, d’insister sur les notions de consentement et de respect, de décrire des actes qui donnent vraiment du plaisir aux femmes, de faire comprendre que les « préliminaires » n’en sont pas nécessairement et que la pénétration peut parfaitement être accessoire dans une relation sexuelle. Pour autant, je ne m’adresse pas exclusivement aux femmes. J’espère au contraire que des hommes me lisent parce que le plaisir féminin les concerne aussi. Mes textes pour B Sensory ne sont donc pas différents en cela de ceux publiés ailleurs.
C’est vrai que le Little Bird s’adresse aux femmes, mais je pense que ça peut être très sexy pour les utilisatrices de faire la lecture à haute voix à leur partenaire, par exemple.